Découvrez l'interview de Yann, apiculteur Réunionnais passionné installé sur notre exploitation agricole

Découvrez l'interview de Yann, apiculteur Réunionnais passionné installé sur notre exploitation agricole

À l’occasion de la journée de la Terre (14 Avril), nous avons souhaité attirer l’attention sur le rôle clé des pollinisateurs et des abeilles en particulier. Yann, apiculteur passionné installé sur notre exploitation s’est prêté au jeu et a répondu à nos questions.

Il vous présentera brièvement son parcours et sa passion pour les abeilles. Il insistera notamment sur l’importance de leur rôle dans la pollinisation des plantes et la préservation de notre biodiversité. Elles font face à des menaces grandissantes qui pèsent sur elles et l'écosystème fragile dont elles font partie.

Découvrez comment, à notre échelle, nous pouvons participer à la protection de leur habitat naturel et, à terme, au nôtre.



Retranscription textuelle de l'interview

Question 1
Comment es-tu devenu apiculteur ?

J’ai toujours eu des ruches. Depuis une vingtaine d'années, je possède quatre ou cinq ruches dans mon jardin, simplement pour le plaisir, en tant qu'amateur passionné des abeilles et de leurs produits. Il y a cinq ans, j'ai pris la décision de suivre une formation professionnelle agricole afin de développer cette passion de manière plus approfondie. Ainsi, l'apiculture est devenue ma deuxième activité.

Question 2
Concrètement, quel est le travail des abeilles ?

Les abeilles, sur les plantes, elles récoltent deux choses : du nectar et du pollen. Les plantes produisent du nectar pour attirer les pollinisateurs, notamment les abeilles, afin que lorsqu'elles viennent se nourrir du nectar, le pollen de la plante s'accroche à elles. Ensuite, en se déplaçant de fleur en fleur, ces grains de pollen permettent de polliniser d’autres fleurs. Le pollen permet aux abeilles de nourrir leurs petits tandis que le nectar est transformé en miel. Au départ, le nectar contient environ 80% d'eau et 20% de vitamines, de sucres, etc. Les abeilles le transforment en un produit contenant moins de 20% d'eau en le déshydratant, ce qui permet au miel de se conserver.

Question 3
Quelles espèces de notre exploitation sont intéressantes pour les abeilles ?

Toutes les espèces, parmi celles que vous avez plantées sont intéressantes, notamment le lingue café, le bois de chenille ou le bois d'osto. Il y a effectivement un bon nombre d'espèces qui sont endémiques et qui sont également mellifères. J'espère sincèrement qu'avec le temps, lorsque les arbres auront poussé un peu plus, que ces plantes pourront produire du miel aux saveurs différentes. Il serait particulièrement intéressant que ce miel ait également les propriétés médicinales propres à ces plantes.

C'est passionnant de penser aux bénéfices que nous pourrons en tirer dans quelques années.


Question 4
Arrives-tu à tirer des miels spécifiques de ces endémiques ?

 Les abeilles sont déjà attirées par les lingues café et elles explorent également d'autres emplacements de ruchers pour butiner différentes espèces telles que les fleurs jaunes, le tan rouge, le change écorce, et bien d'autres.
J’arrive à faire une petite récolte de miel de fleur jaune à la saison, au mois de novembre. Cela se produit principalement dans la forêt des Hauts.

Question 5
Quels facteurs menacent le plus les abeilles ?


Les abeilles et autres pollinisateurs sont confrontés à des menaces sérieuses qui impactent leur survie et l'équilibre écologique. Parmi les principaux facteurs préoccupants, on constate une réduction des ressources naturelles dues à l'expansion des constructions qui entraînent la perte de vastes étendues de forêts et de bordures de champs. En Europe, de vastes champs dépourvus de haies et de séparations éliminent des réservoirs de biodiversité et des sources de nourriture essentielles pour les abeilles et les autres pollinisateurs. Préserver ces espaces et favoriser la biodiversité devient donc crucial pour soutenir leurs populations et préserver l'équilibre écologique.

Cependant, il est important de noter que la disparition des abeilles ne concerne pas seulement cette espèce, mais également d'autres insectes jouant un rôle crucial en tant que pollinisateurs, tels que les petits papillons, les guêpes et les autres types d'abeilles sauvages. Ces pollinisateurs contribuent tous à la pollinisation des plantes et à la préservation de la biodiversité.

Malheureusement, l'utilisation intensive d'insecticides dans l'agriculture constitue une menace majeure pour l'ensemble de ces pollinisateurs. Cette pratique a entraîné une diminution significative du nombre d'insectes, avec la disparition estimée de près de la moitié des populations. Cette situation met gravement en péril l'équilibre écologique, et il est indispensable de prendre conscience de l'impact néfaste de ces produits sur la faune pollinisatrice.

Il est temps d'agir et de prendre des mesures pour protéger les pollinisateurs et leur habitat naturel. L'observation alarmante de pare-brise de voitures, autrefois remplis d'insectes lors d'un trajet, témoigne de leur raréfaction actuelle. Cette situation soulève des questions légitimes quant à l'utilisation massive d'insecticides et à leur rôle dans ce déclin.

Afin d'assurer la survie des pollinisateurs et de préserver l'équilibre écologique essentiel pour notre propre existence, il est crucial d'engager une réflexion approfondie et de promouvoir des pratiques agricoles respectueuses de l'environnement. Préserver la biodiversité devient ainsi une priorité, permettant d'assurer la pérennité de ces insectes essentiels à la vie sur Terre.

Question 6
As-tu relevé un changement à La Réunion ?


En effet, un changement notable est observé à La Réunion, et il concerne particulièrement le problème de la sécheresse. Cette préoccupation majeure a des conséquences directes sur l'accès à l'eau, et nous pouvons constater une tendance à la diminution des précipitations d'une année à l'autre. Bien que les variations climatiques puissent être présentes d'une saison à l'autre, il est indéniable que cette année a connu relativement peu de précipitations.

La sécheresse affecte également la production de nectar dans les arbres, car l'eau est essentielle pour que les fleurs produisent du nectar. Il est probable qu'un déficit hydrique ait un impact sur la production de nectar dans certaines régions. Dans l'Ouest de l'île, certaines régions ont bénéficié de pluies plus abondantes, mais il est essentiel de surveiller attentivement la situation dans l'ensemble de La Réunion et de prendre des mesures adaptées pour faire face à ces changements climatiques qui peuvent affecter la biodiversité et la production de miel.

Face à cette situation, la gestion de l'eau et la conservation des ressources naturelles deviennent des enjeux cruciaux pour préserver les écosystèmes et soutenir l'apiculture dans notre région. Il est nécessaire d'adopter des pratiques responsables afin de garantir un équilibre durable entre les besoins humains et la préservation de la nature.

En conclusion, les changements climatiques et la sécheresse observés à La Réunion ont un impact direct sur l'accès à l'eau et la production de nectar, ce qui souligne l'importance de prendre des mesures adaptées pour protéger la biodiversité et soutenir les activités apicoles face à ces défis environnementaux.

Question 7

Que peut-on faire pour aider les abeilles à se développer ?

Je préconiserais de planter autant que possible pour assurer notre propre approvisionnement alimentaire. Chacun peut contribuer, que ce soit dans son petit bout de cour ou en créant des jardins partagés dans les quartiers.

Chaque effort individuel peut avoir un impact positif sur l'environnement.

En favorisant la nature autour de nous, nous créons un environnement plus favorable non pas pour les insectes, mais également pour nous-même. Il est prouvé que le contact avec la nature a un effet apaisant sur notre bien-être. Observer les feuilles des arbres bouger, sentir le vent et avoir les pieds dans la terre ont des effets bénéfiques sur notre santé physique et mentale.

En encourageant la biodiversité et en préservant les espaces verts, nous contribuons à créer un équilibre écologique essentiel pour notre bien-être global. Chacune de ces petites pierres ajoutées à l'édifice peut faire une différence significative. Cultiver notre connexion avec la nature et prendre soin de l'environnement sont des actions précieuses pour les générations présentes et futures.

C’est extrêmement important d'avoir ce lien avec la nature, les arbres et le chant des oiseaux. C'est une chance incroyable. De plus, il est essentiel de leur offrir un environnement propice à leur survie. Des zones sauvages et des zones cultivées, mais sans pesticides, avec une grande diversité d'espèces, d'arbres et de plantes. C'est sur ce point que nous devons axer nos efforts. Non seulement symboliquement centrer sur l'abeille, mais sur l'ensemble des éléments qui contribuent à cet équilibre. Nous devons créer des conditions favorables pour qu'elles puissent vivre, se développer et continuer à nous offrir leurs précieux services en termes de pollinisation.


Nous avions déjà conscience de l’importance cruciale des abeilles dans la pollinisation des plantes, un rôle vital pour maintenir la biodiversité et garantir la reproduction de nombreux végétaux, et nous nous sentons chanceux de pouvoir créer cet écosystème avec des partenaires passionnés.

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